À la croisée des regards, 50 ans de cinéma américain
Lorsque les lumières se rallument, les images perdurent. L’illusion du mouvement en 24 clichés par seconde a fonctionné. Il ne faut alors jamais perdre de vue que le cinéma est avant tout un jeu de regards, où l’œil du cinéaste en vient à croiser celui du spectateur. Ce dialogue des yeux silencieux, Lionel Chouchan et André Halimi ont souhaité l’étendre davantage à l’Amérique, acteur majeur du 7e art, dont la prééminence ne cesse de se démentir plus d’un siècle après les balbutiements d’Hollywood. Soutenus au mitan des années 1970 par le maire de Deauville Michel d’Ornano et Lucien Barrière, fondateur du groupe qui porte son nom, ils lancèrent en 1975 le Festival du cinéma américain de Deauville, manifestation culturelle sans commune mesure pour l’époque, où les œuvres débarquées du pays de l’Oncle Sam se voyaient offrir sur la côte normande un lieu de conversation privilégié avec le public hexagonal. Cinquante ans plus tard, leur ambition demeure intacte. Si les outsiders d’antan, visages du Nouvel Hollywood, sont devenus les maîtres vénérés d’aujourd’hui, leurs visions d’autrefois accompagnent l’œil neuf de cinéastes toujours plus désireux de bousculer encore et toujours les perspectives. À Deauville, les yeux restent constamment ouverts pour prolonger le dialogue.