Arnaud Desplechin, Président du Jury 2022

« Ce qui me bou­le­verse dans le ciné­ma, c’est quand le réel se met à scin­tiller, quand le réel devient une épiphanie. »

Après de nom­breuses nomi­na­tions au César et de sélec­tions dans les plus grands fes­ti­vals du monde mon­trant ain­si la péren­ni­té de son talent et la recon­nais­sance inter­na­tio­nale, il revient cette année à Cannes avec un nou­veau film, Frère et soeur, pré­sen­té en com­pé­ti­tion. Après Cathe­rine Deneuve et Char­lotte Gains­bourg, deux figures incon­tour­nables de son œuvre, il sera cette année le Pré­sident du 48e Fes­ti­val du ciné­ma amé­ri­cain de Deau­ville et nous atten­dions avec impa­tience qu’il soit dis­po­nible pour por­ter ce regard si sin­gu­liè­re­ment fran­çais sur le ciné­ma amé­ri­cain.

Dès son pre­mier moyen métrage La Vie des morts (1992), Arnaud Des­ple­chin entre de plein pied dans le ter­ri­toire du ciné­ma, celui de la fic­tion et du réel trans­cen­dé, et s’impose notam­ment comme un maes­tro du dia­logue avec les acteurs. Œuvre matri­cielle, fon­da­trice qui ne ces­se­ra d’irradier et de de déployer ses rayons, elle est cou­ron­née avec clair­voyance du Prix Jean Vigo. Fabri­quant de films, comme il aime à se défi­nir, Des­ple­chin ne ces­se­ra dès lors de tis­ser, à sa manière impu­dique et unique, les fils de la ques­tion ciné­ma. Dis­ciple fidèle de Stan­ley Cavell et de Jean Dou­chet, amou­reux du ciné­ma amé­ri­cain, il pra­tique un art d’aimer qui réunit phy­sique et métaphysique.

Arnaud Des­ple­chin bâtit un ciné­ma du roma­nesque, de la fic­tion, tout en ne ces­sant de faire explo­ser ses cadres et ses normes, dis­til­lant une étrange étran­ge­té pour mieux inter­ro­ger le mys­tère de la réa­li­té. Son œuvre est un laby­rinthe où se perdre fait pen­ser, où voir fait vibrer et où s’abîme le doute…
De la mort, il sera encore ques­tion dans son deuxième film La Sen­ti­nelle (1996), où il entre­mêle déjà dif­fé­rents genres et niveaux de récits. De film en film, Arnaud Des­ple­chin dia­logue avec ses motifs, ses obses­sions, ses fan­tômes et ses doubles, qui s’incarneront dès son film sui­vant Com­ment je me suis dis­pu­té… (ma vie sexuelle) dans le per­son­nage de Paul Deda­lus et la forme d’un acteur en la per­sonne de Mathieu Amal­ric. Nul hasard sans doute si son film Esther Kahn sui­vant est un thril­ler… sur la condi­tion d’actrice ou si son incur­sion dans la série En thé­ra­pie appa­rait comme une embus­cade de la camé­ra pas très ortho­doxe du côté de sa comé­dienne Suzanne Lindon…

Rois et Reine (2004), Un conte de Noël (2008) et son échap­pée amé­ri­caine Jim­my P. (2013), Trois sou­ve­nirs de ma jeu­nesse (2015), témoignent encore de son goût pour les drames fami­liaux, tein­tés de mytho­lo­gie antique, pour la filia­tion et la psy­cha­na­lyse comme art de l’enquête, du com­plot voire de l’espionnage.

Les fan­tômes d’Ismaël (2017) res­serrent jusqu’au ver­tige les fils de la toile d’une œuvre laby­rin­thique où résonnent les échos du pas­sé, han­tée par les spectres et qui conti­nue à flir­ter avec le fan­tas­tique et le thriller.

Avec Trom­pe­rie (2021), l’adaptation qua­si fan­tas­ma­tique du roman de Phi­lip Roth, il semble nous susur­rer à l’oreille le rose­bud de son œuvre, le secret du jeu inex­tri­cable entre le roma­nesque et la vie, celui des tra­ves­tis­se­ments du « je » et du miroi­te­ment des sens, le mys­tère de la création…

Nous sommes heu­reux d’accueillir Arnaud Des­ple­chin pour pré­sident de cette 48e édition.

Cré­dit pho­to :© Tho­mas Brunot

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