Tout a commencé par un choc visuel, sensoriel et émotionnel lorsqu’un vent glacial originaire de Brighton Beach, quartier russophone des environs de New York, a soufflé sur la côte normande, trente ans auparavant. En septembre 1994, la projection de LITTLE ODESSA au Festival de Deauville, fut une révélation : celle d’un réalisateur jusqu’ici inconnu d’à peine 25 ans, qui, le temps de précipiter son premier film dans la violence d’un quartier de Brooklyn enneigé, démontrait déjà tout le talent d’un cinéaste né.
En seulement huit longs métrages, James Gray s’est depuis imposé comme l’un des réalisateurs et scénaristes les plus importants de sa génération. Modèle d’intégrité et d’intransigeance artistique, il ne cesse de se positionner à la frontière entre le cinéma indépendant et les studios hollywoodiens, occupant une place à part dans le paysage cinématographique contemporain.
S’il n’a jamais caché l’admiration qu’il porte pour Francis Ford Coppola et les toiles d’Edward Hopper, James Gray reste surtout l’un des auteurs américains les plus européens. Grand admirateur de la Nouvelle Vague, citant volontiers Chabrol, Bresson ou Visconti en références, mais aussi la littérature de Dostoïevski et les pièces de Shakespeare, le cinéaste fait s’entremêler les drames existentialistes. Qu’ils s’enfoncent dans la jungle amazonienne (THE LOST CITY OF Z), s’aventurent dans l’espace (ADASTRA) ou restent inconditionnellement liés à la ville de New York, ses longs métrages alternent les genres, allant du film noir (THE YARDS, LA NUIT NOUS APPARTIENT) au film d’époque (THE IMMIGRANT), en passant par la romance (TWO LOVERS), pour construire une oeuvre raffinée, aussi intime que mélancolique
À l’image du jeune personnage principal d’ARMAGEDDON TIME, son projet le plus personnel à ce jour, James Gray a ainsi toujours choisi de suivre une vie de liberté et de création. Trente ans après lui avoir remis le Prix de la critique internationale pour LITTLE ODESSA, le Festival de Deauville a donc souhaité rendre hommage à ce grand nom du 7eart. À cette occasion, James Gray sera présent à Deauville pour une conversation exceptionnelle. L’intégralité de sa filmographie sera également projetée pendant le festival.